Recommandation biap 06/10 - 09/10-5: Aides électro-acoustiques complémentaires dans les classes
Introduction :
La recommandation a essentiellement pour objectif d’informer les parents, les enseignants et les organismes subsidiant des conditions d’utilisation efficace des aides électro-acoustiques complémentaires dans les classes.
La classe est une situation d’apprentissage. L’attention doit donc être soutenue. Les qualités acoustiques doivent être optimales.
La surdité, en plus de la perte quantitative, engendre des perturbations qualitatives dans le domaine de la sonie (ex: recrutement), des effets de masque, de l’analyse temporelle et des processus centraux.
Dans une classe, les enfants sont généralement soumis à de mauvaises conditions acoustiques qui sont essentiellement dues à la distance entre l’enfant et l’enseignant, au bruit ambiant et à la réverbération.
L’intelligibilité de la voix de l’enseignant est entre autre fonction du temps de réverbération de la classe. Les réverbérations masquent les caractéristiques essentielles du signal. De plus le niveau du signal vocal diminue avec la distance et le niveau de bruit de fond reste constant.
L’ensemble de ces éléments provoque chez les enfants entendants :
- une perte de l’information surtout au niveau des nouvelles acquisitions,
- une diminution du niveau d’attention lors des explications orales,
- une augmentation de l’irritabilité et de la fatigue,
- une augmentation du temps de réaction du à l’effort cognitif de déchiffrement de l’information orale mal perçue
Pour l’enfant atteint de déficience auditive, ces conséquences de mauvaises conditions acoustiques sont beaucoup plus importantes et invalidantes. Parler dans ces conditions nuit à court terme, à la qualité de sa voix et à long terme au développement de son langage.
Cela aura des conséquences négatives au niveau scolaire (baisse du rendement scolaire) et relationnel (épuisement, tensions, disputes…)
Dans un milieu bruyant, la prothèse auditive ou l’implant cochléaire, même avec les algorithmes modernes, ne suffit pas à améliorer chez un patient l’intelligibilité de la parole. L’action sur le rapport S/B est plus importante. Pour un enfant atteint de déficience auditive le rapport S/B de 15 à 20 dB est recommandé. Le jeune âge et le degré de déficience auditive sont des facteurs aggravants.
Les aides électro-acoustiques complémentaires concernent aussi les enfants ayant une audition normale mais avec des difficultés, par exemple :
- troubles déficitaires de l’attention
- troubles auditifs centraux
- troubles de l’apprentissage
- troubles du langage …
Ces enfants sont davantage pénalisés dans le bruit.
Solutions :
Il faut améliorer les conditions acoustiques de la classe (rec. 9-10.4)
En ce qui concerne l’utilisation des aides électro-acoustiques complémentaires différentes solutions sont proposées : la liaison HF (ou FM), la liaison par infra-rouge, la boucle magnétique et la sonorisation par haut parleur. Une information complète doit être assurée pour pouvoir choisir la solution la plus appropriée à chaque enfant.
En particulier, il faudra présenter les avantages et les contraintes de la solution retenue. Les aspects de compatibilité et de flexibilité du matériel doivent être connus.
1. Indication :
Une analyse multidisciplinaire est indispensable pour recommander dans une situation d’apprentissage l’utilisation d’une aide électro-acoustique complémentaire. Le degré de déficience, le mode de fonctionnement de la classe, les moyens de communication, l’âge, la présence d’interprète ou codeur doivent être pris en compte. Une évaluation sensorielle auditive et visuelle de l’enfant doit être réalisée avant de lui proposer une aide complémentaire.
L’utilisation du matériel complémentaire doit être précédé par un bilan d’adaptation spécifique avec des tests d’audiométrie tonale et vocale, des essais en milieu scolaire.
Le critère d’indication doit aussi permettre de préciser les temps d’utilisation (tout le temps, à la demande, réservé à l’école…) et qui décide de ce temps d’utilisation
2. Information :
Une double information doit être proposée aux enseignants. D’une part il faut les sensibiliser aux difficultés d’écoute en situation de classe et décrire les limites des aides de correction auditive.
D’autre part, les enseignants doivent être informés sur les procédures de fonctionnement ainsi que de maintenance du matériel. Des documents écrits doivent leur être remis.
Les mêmes informations doivent être données aux parents. La motivation des parents et des enseignants va jouer un rôle fondamental dans l’acceptation du matériel par l’enfant.
3. Acceptation :
En fonction de l’âge, certains enfants auront peut être besoin de plus de temps pour accepter le matériel qui « les relie » de manière privilégiée à leur enseignant. Un travail spécifique doit être réalisé auprès des enfants pour les aider à mieux comprendre l’intérêt de leur équipement. Les autres enfants de la classe doivent aussi recevoir une information qui leur permettra de mieux accepter l’enfant équipé de ce matériel.
3. Maintenance :
Des moyens doivent être mis en place pour permettre de réaliser une maintenance préventive.
Ces moyens doivent aussi permettre d’évaluer la capacité de l’enfant à porter, à ajuster et à manipuler le système. Ce matériel exige une maintenance régulière notamment pour des questions de connexions. Des protocoles de contrôle de bonne utilisation et de bon fonctionnement doivent être proposés régulièrement aux intervenants.
5. Subventionnement :
Les parents et les différents intervenants auprès de l’enfant doivent être informés des subventionnements possibles.
Le BIAP recommande l’utilisation des aides électro-acoustiques complémentaires envisagés ainsi que leur prise en charge par les différents organismes assureurs.
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Cette recommandation a été réalisée avec une collaboration multidisciplinaire
Présidents de la commission : Thierry RENGLET (Belgique) et Salvador SANTIAGO (Espagne).
Membres de la commission : Ajuarez Sanchez (Espagne), E. Bizaguet (France),A. Bohnert (Allemagne), H. Bonsel (Allemagne), C. Dagain (France), Y. Dejean (France), J. Dehaussy (France), L. Demanez (Belgique), M. Drach (Allemagne), A. Enderle-Ammour (Allemagne), F. Fagnoul (Belgique),A. Korzon (Pologne), H. Kraase (Allemagne) F. Kuphal (Allemagne), G. Lux-Wellentof (Allemagne), G. Madeira (Belgique), R. Melo (Portugal), Cl. Vander Heyden (Belgique), P. Verheyden (Belgique), Th. Wiesner (Allemagne).
Cette recommandation a été approuvée en Assemblée Générale après avoir été soumise aux comités nationaux en mai 2007 à Rhodes.
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